Peut-on croire Renaud Donnedieu de Vabres ?
Très certainement persuadé que les réponses que lui a apportées l'ancien ministre de la Culture et de la Communication sont de nature à rassurer les internautes, Christophe, de MonTours.info, m'interpelle directement au sujet du projet de certification de l'information en ligne qu'avait proposé Renaud Donnedieu de Vabres.
Il me faudra donc revenir sur cette affaire à propos de laquelle je pense pourtant avoir tout dit ici, là, encore ici et aussi là. On ne pourra pas en tous cas, après m'avoir interpellé, me reprocher de revenir trop souvent sur cette affaire...
Mais avant d'y répondre, il me semble indispensable de dire un mot du contexte dans lequel RDDV intervient. Lorsqu'il était ministre de la Culture et de la Communication et qu'il a évoqué plusieurs fois son projet de certifier l'information en ligne, RDDV n'a jamais répondu aux blogueurs qui l'interpellaient. J'avais contacté plusieurs fois, en vain, son cabinet, tant au ministère qu'à sa permanence tourangelle. Loïc Le Meur, qui avait tenté la même démarche, n'avait pas eu plus de succès que moi.
A quelques mois des élections municipales à Tours où il conduira une liste d'opposition, l'ex-ministre daigne enfin s'exprimer. En choisissant son intervieweur parmi ses partisans. Est-ce réellement pour répondre à l'inquiétude des blogueurs ou uniquement pour redorer son image auprès des Tourangeaux ?
J'ai déjà écrit ce que je pensais des conditions dans lesquelles RDDV a accordé une longue interview à Montours.info. Mes craintes ont été confirmées en regardant cette interview et en découvrant à quel point, sans être contredit par son intervieweur, Renaud Donnedieu de Vabres ment sans vergogne à propos de sa condamnation par la justice, ce qui, à mon sens, jette un doute sur l’ensemble de l'interview.
Dans cette interview, RDDV prétend que ses détracteurs pratiquent la désinformation et il tente de les effrayer par de pseudo-menaces de procès en diffamation. Très clairement, ces menaces ne m'impressionnent pas beaucoup. Oserais-je écrire qu'elles renforcent, par une espièglerie que je confesse volontiers, mon envie de dire haut et fort qu'il ment sans vergogne ?
Renaud Donnedieu de Vabres affirme en effet (à la 18ème minute de la première partie de l'interview) qu'il a été condamné en 2004 pour des faits qui remontent "à une époque où le financement de la vie politique n'était pas réglé par la loi comme il l'est aujourd'hui. Il n'y avait pas les moyens qui sont assurés aujourd'hui par les dons légaux par chèque, etc..."
Il est pourtant facile de vérifier que cette affirmation est rigoureusement fausse.
RDDV a été condamné pour blanchiment d'argent dans l'affaire du financement occulte du Parti Républicain pour des faits qui se sont déroulés en 1996. Le 3 juin, pour être plus précis. C'est le jour où il a transporté 5 millions de francs en billets "de 500 francs enliassés" de son bureau jusqu'à une succursale du "Fondo sociale di cooperazione europea".
Et s'il a existé en France une période où, effectivement, "le financement de la vie politique n'était pas réglé par la loi", cette période a pris fin en 1988 avec la loi du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique, complétée par la loi du 15 janvier 1990 relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques et la loi du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques.
Mais je comprends bien pourquoi Renaud Donnedieu de Vabres a une soudaine amnésie de la chronologie législative : tout comme lui, je considère que les hommes politiques condamnés pour des faits postérieurs à 1988 n'ont pas le même degré de culpabilité que ceux condamnés pour des faits antérieurs à 1988...
Il y a beaucoup d'autres points sur lesquels il ne répond pas :
Et pour en revenir à la question de la certification de l'information en ligne, je trouve incroyablement paradoxal de regretter que "sur internet circulent beaucoup de choses, parfois le pire comme le meilleur" et d'utiliser soi-même le blog d'un partisan pour désinformer le grand public...
Edit La suite de ma réponse, concernant la certification de l'information en ligne, est à lire ici.
Il me faudra donc revenir sur cette affaire à propos de laquelle je pense pourtant avoir tout dit ici, là, encore ici et aussi là. On ne pourra pas en tous cas, après m'avoir interpellé, me reprocher de revenir trop souvent sur cette affaire...
Mais avant d'y répondre, il me semble indispensable de dire un mot du contexte dans lequel RDDV intervient. Lorsqu'il était ministre de la Culture et de la Communication et qu'il a évoqué plusieurs fois son projet de certifier l'information en ligne, RDDV n'a jamais répondu aux blogueurs qui l'interpellaient. J'avais contacté plusieurs fois, en vain, son cabinet, tant au ministère qu'à sa permanence tourangelle. Loïc Le Meur, qui avait tenté la même démarche, n'avait pas eu plus de succès que moi.
A quelques mois des élections municipales à Tours où il conduira une liste d'opposition, l'ex-ministre daigne enfin s'exprimer. En choisissant son intervieweur parmi ses partisans. Est-ce réellement pour répondre à l'inquiétude des blogueurs ou uniquement pour redorer son image auprès des Tourangeaux ?
J'ai déjà écrit ce que je pensais des conditions dans lesquelles RDDV a accordé une longue interview à Montours.info. Mes craintes ont été confirmées en regardant cette interview et en découvrant à quel point, sans être contredit par son intervieweur, Renaud Donnedieu de Vabres ment sans vergogne à propos de sa condamnation par la justice, ce qui, à mon sens, jette un doute sur l’ensemble de l'interview.
Dans cette interview, RDDV prétend que ses détracteurs pratiquent la désinformation et il tente de les effrayer par de pseudo-menaces de procès en diffamation. Très clairement, ces menaces ne m'impressionnent pas beaucoup. Oserais-je écrire qu'elles renforcent, par une espièglerie que je confesse volontiers, mon envie de dire haut et fort qu'il ment sans vergogne ?
Renaud Donnedieu de Vabres affirme en effet (à la 18ème minute de la première partie de l'interview) qu'il a été condamné en 2004 pour des faits qui remontent "à une époque où le financement de la vie politique n'était pas réglé par la loi comme il l'est aujourd'hui. Il n'y avait pas les moyens qui sont assurés aujourd'hui par les dons légaux par chèque, etc..."
Il est pourtant facile de vérifier que cette affirmation est rigoureusement fausse.
RDDV a été condamné pour blanchiment d'argent dans l'affaire du financement occulte du Parti Républicain pour des faits qui se sont déroulés en 1996. Le 3 juin, pour être plus précis. C'est le jour où il a transporté 5 millions de francs en billets "de 500 francs enliassés" de son bureau jusqu'à une succursale du "Fondo sociale di cooperazione europea".
Et s'il a existé en France une période où, effectivement, "le financement de la vie politique n'était pas réglé par la loi", cette période a pris fin en 1988 avec la loi du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique, complétée par la loi du 15 janvier 1990 relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques et la loi du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques.
Mais je comprends bien pourquoi Renaud Donnedieu de Vabres a une soudaine amnésie de la chronologie législative : tout comme lui, je considère que les hommes politiques condamnés pour des faits postérieurs à 1988 n'ont pas le même degré de culpabilité que ceux condamnés pour des faits antérieurs à 1988...
Il y a beaucoup d'autres points sur lesquels il ne répond pas :
- Pourquoi avoir transporté cet argent en billets "de 500 francs enliassés" ? (source)
- Comment être sûr que cet argent n'a pas une autre origine que les "fonds secrets" de Matignon ? (source)
- Pourquoi avoir choisi de déposer cet argent au "Fondo sociale di cooperazione europea", curieuse banque dont on apprendra plus tard qu'elle a escroqué 120 millions de francs à 76 de ses clients ? (source)
- Pourquoi, s'il n'y avait "aucune infraction", la BNP, la Société générale, le CIC et le CCF ont refusé l'opération ? (source)
- Pourquoi le Parti Républicain a tardé à régler au "Fondo sociale di cooperazione europea" les intérêts d'emprunt ? (source)
- Question subsidiaire : Ça fait quel effet de travailler pendant plus d'un an -de mai 1995 à juin 1996- dans un bureau dans lequel se trouve une armoire en fer où sont soigneusement rangés 10 000 billets de 500 F ? (source) -bah oui je suis curieux de nature et je n'ai jamais eu l'occasion de vivre une telle expérience.
Et pour en revenir à la question de la certification de l'information en ligne, je trouve incroyablement paradoxal de regretter que "sur internet circulent beaucoup de choses, parfois le pire comme le meilleur" et d'utiliser soi-même le blog d'un partisan pour désinformer le grand public...
Edit La suite de ma réponse, concernant la certification de l'information en ligne, est à lire ici.
Par Guillaume | Avant | 23/10/2007 09:38 | Après | Actualités | 8 commentaires |
Commentaires
par mry, le Mardi 23 Octobre 2007, 11:36 Répondre à ce commentaire
par Guillaume, le Mardi 23 Octobre 2007, 12:13 Répondre à ce commentaire
par ezaekiel, le Mardi 23 Octobre 2007, 15:59 Répondre à ce commentaire
par Guillaume, le Mardi 23 Octobre 2007, 16:37 Répondre à ce commentaire
par ezaekiel, le Mardi 23 Octobre 2007, 17:15 Répondre à ce commentaire
par MAUPEOU, le Mardi 23 Octobre 2007, 20:35 Répondre à ce commentaire
par Guillaume, le Mercredi 24 Octobre 2007, 00:40 Répondre à ce commentaire
par christian, le Mercredi 24 Octobre 2007, 12:02 Répondre à ce commentaire