En lançant une interrogation sur l'absentéisme des députés, j'avais conscience du risque de dérive populiste et démagogique que porte ce type de débat. Même si je reste persuadé que les députés doivent jouer pleinement leur rôle et rendre compte aux citoyens de leur travail.
Pour éviter de tomber dans la dénonciation populiste, j'avais accompagné la demande que j'ai faite aux 5 députés tourangeaux de cette précision :
"Si vous étiez absent, je ne manquerai pas, bien évidemment, d'indiquer aux lecteurs de TouraineBlogs les éventuelles raisons de votre absence dont vous souhaiteriez me faire part."

C'est ce que Jean-Patrick Gille, député PS de Tours, a choisi de faire. Il m'a appelé pour m'expliquer, en toute transparence, les raisons de son absence à l'Assemblée Nationale au moment du vote de la loi sur l'immigration.
Chapeau ! J'ai trouvé cette volonté de transparence très constructive. "Je sens que le débat sur l'absentéisme des élus est en train de monter dans la blogosphère" m'a indiqué le député-blogueur. Et j'ai senti que cet élu, qui a participé à la fondation d'Anticor, portait un œil bienveillant sur la vigilance citoyenne exercée par les blogueurs.
Qu'il soit donc assuré que nous resterons vigilants jusqu'au terme de son mandat !

"Il y a de l'absentéisme à l'Assemblée Nationale. Mais il y en a moins que je ne pensais" explique Jean-Patrick Gille. Pour ce jeune député qui découvre le fonctionnement du Palais Bourbon, "le problème dépasse la seule question de l'absentéisme"
Même s'il reconnaît que "symboliquement" il est choquant de penser qu'un texte de loi qui émeut l'opinion publique est voté par si peu de députés, il veut rappeler qu'une grande partie du travail des parlementaires se fait en commissions plutôt qu'en séances. "En séance, il est important que les députés qui ont étudié ce projet de loi en commission, qui ont procédé à des auditions de personnes qualifiées, soient présents. Pour les autres, ce n'est pas forcément indispensable".
Jean-Patrick Gille a, par exemple, travaillé pendant plusieurs semaines sur le projet de loi sur le service minimum. Ce sont d'autres députés socialistes qui se sont penchés sur la loi sur l'immigration.
Député-maire ? Non, député-père !

"Parfois les commissions, les auditions, les séances publiques se chevauchent. Impossible de tout suivre. Et l'emploi du temps de l'Assemblée Nationale change souvent !" explique le député tourangeau. "J'avais l'intention d'être en séance pour l'examen de l'amendement Mariani sur les tests ADN. La séance était prévue à 15 h 00 mais l'examen de cet article a finalement été renvoyé en fin de séance. Vers minuit".

Jean-Patrick Gille avoue également que son emploi du temps de rentrée a parfois été chahuté par son statut, non pas de député-maire, mais de député-père : son épouse a repris un emploi et, comme des millions de Français, il lui faut s'organiser pour jongler entre les différentes contraintes d'emploi du temps des membres de la famille. Personnellement, je trouve plutôt rassurant de penser que certains députés vivent eux aussi ces contraintes que connaissent tous les parents !

Comme la loi est adoptée en "procédure d'urgence", il n'y aura pas à proprement parler de seconde lecture mais le projet repassera après son examen en commission mixte paritaire Assemblée Nationale/Sénat. "J'essaierai d'y être. Mais pour l'instant, je ne peux même pas savoir quand aura lieu le vote" explique Jean-Patrick Gille. Encore une bizarrerie du fonctionnement du Palais Bourbon.

Conscient que les blogs peuvent être un moyen intéressant de créer un lien direct entre les élus et les citoyens, Jean-Patrick Gille indique qu'il réfléchit à l'amélioration du contenu de son blog. Il a en tous cas pu avoir un exemple concret de l'intérêt des blogs puisqu'il a pu publier sur le sien le contenu de l'intervention qu'il a faite au collège Michelet, et qui n'avait pas été relayée par la presse locale.

Il existe des moyens de partager sur internet une partie de son emploi du temps. Pourquoi les députés ne publieraient-ils pas sur internet leur emploi du temps parlementaire (entendons-nous bien : par pas leur vie privée !) ?
Leurs électeurs pourraient ainsi savoir à quelles commissions, à quelles séances de travail, à quelles auditions, à quelles séances publiques... ils participent.

Encore un effort, Messieurs-Dames les Députés-Blogueurs. Nous lirons vos blogs avec d'autant plus d'intérêt.

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