Interrogé hier soir sur TV Tours à propos des limites à la liberté d'expression sur les blogs, je n'ai pas pu m'empêcher de faire part de mon inquiétude à propos du projet de certification de l'information en ligne que le ministre de la Culture et de la communication a évoqué à deux reprises.

Je dois bien avouer être un récidiviste acharné :
  • J'en avais déjà parlé il y a peu de temps sur Radio Béton
  • J'avais également abordé le sujet lors du débat organisé à Alençon à l'occasion du Premier Prix du Blog Citoyen.
  • J'en avais parlé sur Webcitoyen, le blog créé par Christophe Grébert "pour la défense de la libre expression citoyenne sur le Web".
  • J'avais pris l'initiative de proposer sur le site des Influenceurs une bannière à ce sujet qui a été adoptée par 70 blogueurs.
  • Et les deux articles publiés ici même à propos des déclarations de ont été lus à ce jour 2 490 fois pour l'un et 396 fois pour l'autre.

Et avec un entêtement dont j'espère qu'il sera toujours à la hauteur des dangers que représente à mon avis un tel projet, je ne manquerai pas, à chaque fois que j'en aurai l'occasion, de redire combien l'idée même d'une certification de l'information en ligne me semble dangereuse.

Mon ardeur à dénoncer un tel projet est même renforcée par l'actualité : comme on pouvait l'apprendre par exemple sur le blog de Jean-Marc Morandini, le ministre de la Culture vient de confier à Marc Tessier, ancien président de France Télévisions, une mission d'étude sur les "conditions d'évolution de la presse dans l'univers du numérique". Avec l'objectif notamment de réfléchir à la "pertinence et l'efficacité de l'encadrement juridique et fiscal du secteur" et de proposer les "évolutions nécessaires".

Sur le site du ministère de la culture et de la communication, le communiqué officiel renforce mes inquiétudes. On nous explique ainsi, avant même que Marc Tessier n'ait commencé sa mission d'étude, que le ministre "souhaite que la presse puisse occuper la place qui lui revient sur ces nouveaux territoires" et l'on évoque des "risques de « cannibalisation »" et la "concurrence des nouveaux médias".

Est-ce à dire que l'on veut, par des mesures juridiques et fiscales, favoriser la domination de l'information en ligne par les groupes de presse déjà existant et freiner l'émergence spontanée d'une concurrence plus libre et/ou plus citoyenne ?
Comme le montre le cas (cité par Xavier de Mazenod) de ce journal dédié aux thérapies naturelles, exercer des contraintes financières sur la liberté de l'information en décidant quel média a droit à certains avantages financiers et quel média n'y a pas droit, est un exercice que le ministère de la culture et de la communication maîtrise déjà bien... Est-il question de transposer ce modèle à l'information en ligne ?
Il semble en tous cas, une nouvelle fois, être question de la "labellisation de l’information"...

A l'évidence, le communiqué du ministère, comme l'étaient déjà les déclarations du ministre, est aussi peu clair qu'inquiétant...

Je crois donc qu'il faut à nouveau dénoncer toute idée de "certification" ou de "labellisation" de l'information en ligne avant qu'un projet de loi trop vite expédié ne vienne porter atteinte à la formidable liberté d'expression autorisée par les blogs.

Mais dénoncer n'est pas une fin en soi. Et en l'occurrence, c'est une posture qui n'est ni suffisante ni satisfaisante : ça ne permet toujours pas de savoir ce que le ministre a derrière la tête et, au final, ça ne fait pas réellement avancer le débat démocratique.

Comme je l'avais déjà fait, je vais donc recontacter le cabinet de RDDV en lui demandant s'il veut bien répondre à l'inquiétude d'un nombre croissant de blogueurs et préciser sa pensée.

Je vous tiendrai naturellement informés d'une éventuelle réponse.

* A lire :

Daté du 5 octobre, le communiqué du ministère de la Culture annonçant une "Mission d’étude sur les conditions des évolutions de la presse dans l’univers du numérique" a déjà suscité quelques réactions :

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