Les blogueurs tourangeaux présents au premier apéroblog tourangeau avaient brièvement évoqué la question de l'utilisation, sur leurs blogs, des textes, photos, images, musiques... trouvés sur d'autres blogs ou d'autres sites internet.

J'avais également rappelé ici, suite aux conseils de la CNIL, quelques lois que tout blogueur devrait au moins connaître... et sans doute respecter.

Il est vrai que le copier-coller et si simple qu'il peut-être tentant de nourrir son blog en utilisant des textes, photos et sons "empruntés" sur d'autres blogs. Souvent, ces "emprunts" sont d'ailleurs effectués de bonne foi. Beaucoup de blogueurs considèrent qu'ils échappent aux lois sur la contrefaçon dans la mesure où ils ne font pas un usage commercial de ce contenu créé par d'autres. On entend également dire que le fait de "citer sa source" pourrait suffire à autoriser la reproduction.

Pourtant, l'article L122-4 du Code de la Propriété Intellectuelle est très clair, et les blogs, pas plus qu'aucun autre support public, n'échappent pas à cette règle simple :
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque."
Pour n'avoir pas respecté cette loi, un blog, la Boîte à Images, risque de disparaître.
La Boîte à Images, c'est un admirable site tenu par Alain Korkos, auteur-illustrateur qui comme tous les vrais amateur d'Art n'a qu'une envie : faire partager sa passion pour l'Image, toutes les Images(...)
explique le blog Sefronia. Alain Korkos, qui ne tire pas de revenus de ce blog, a eu la malheureuse idée d'y reproduire 6 images "empruntées" à une agence photographique, en indiquant clairement la source des ces photos mais sans avoir obtenu, ni même demandé, d'autorisation de reproduction.

L'agence photographique lui a alors adressé
une lettre recommandée avec A/R pour exiger le paiement de 1152 euros HT
précise Stéphane. Une addition suffisamment salée pour mettre en péril l'existence du blog.

A peine l'affaire connue, la blogosphère prompte à défendre les blogs en péril, a réagi. Sur le site des Influenceurs, une bannière a été créée pour soutenir la Boîte à Images.



Et l'affaire est déjà largement relayée par de nombreux blogs, dont certains qui voudraient en faire une croisade de l'internet libre contre des structures établies auxquelles on reproche de faire de l'argent

Certes, la réaction de l'agence semble disproportionnée et il serait indigne qu'elle veuille gagner de l'argent sur le dos d'un blogueur. Mais peut-être cette agence est-elle lasse d'être régulièrement victime de plagiats.

Chaque blogueur doit avoir conscience qu'en créant un blog, il devient éditeur, puisqu'il publie textes, photos, sons et vidéos à destination d'un large public. Il se doit donc de respecter les règles communes à l'ensemble des éditeurs, en matière de respect des personnes et de leur vie privée, en matière de diffamation, en matière de respect du droit d'auteur...

Est-il réellement légitime de "soutenir" un blogueur ayant l'incorrection de publier des photos sans demander l'autorisation de leurs auteurs ? Verriez-vous d'un bon œil que les textes et photos publiés sur votre blog soient reproduits ailleurs sans que personne ne vous demande rien ? Est-il question ici d'une croisade du "libre" contre le "marchand" ou plus simplement d'une procédure entre un blogueur indélicat et des photographes protégeant leur gagne-pain ?

Il faut évidemment souhaiter que l'agence en question accepte de revoir ses exigences à la baisse et qu'un accord amiable puisse être trouvé avec la Boîte à Images pour éviter la fermeture de ce blog. Emmanuel suggère très justement que le médiateur du net pourrait aider à trouver une solution.

Mais il faut surtout souhaiter que le bruit généré autour de cette affaire permette de faitre circuler largement l'information sur les doits et les devoirs des blogueurs, pour éviter que d'autres ne soient confrontés au même type d'ennuis.

Avant de reproduire un texte ou une photo, envoyer un mail pour demander l'autorisation de le faire ne prend pas beaucoup de temps. Ça me semble être une démarche élementaire de politesse et de bon sens. Et c'est bien souvent l'occasion de créer de nouveaux contacts, de nouveaux liens, de nouveaux échanges... plus agréables que les courriers recommandés et autres amabilités d'huissiers !

Répondre à cet article