Ce que je vais faire ne se fait pas : il y a des choses qui ne s'écrivent pas. D'autant que je comptais demander l'aide du Conseil Général pour organiser une rencontre de blogueurs tourangeaux. Une fois de plus je vais me faire des amis. Tant pis. Mais le président du Conseil Général, Marc Pommereau, n'est-il pas lui-même adepte du franc-parler ?
Et je me sens décomplexé après en avoir discuté avec un conseiller général de la majorité, encore plus virulent que moi sur le sujet et dont j'ai senti, politique oblige, qu'il se tairait.
Et, puisque la presse traditionnelle a déjà sombré dans l'auto-censure, il faut bien que les blogs ré-inventent un discours plus direct !

Donc je mets les pieds dans le plat :
J'ai reçu la semaine dernière du Conseil Général d'Indre-et-Loire, une magnifique plaquette de 8 pages, en quadrichromie et papier glacé, présentant les "Enjeux 2006" pour les collèges du département. Je vous épargne le couplet sur le coût d'une telle plaquette au regard de son utilité : ce serait populiste.

Mais je découvre, dans cette belle plaquette, l'information suivante : Ziva-lesite.com, site créé en octobre 2004 par le Conseil Général d'Indre-et-Loire pour les 28 000 collégiens du département, recevrait "environ 2 000 connexions par mois".
Et dans une belle plaquette de communication, 2 000 connexions par mois est un résultat suffisant pour affirmer que Ziva-lesite est "le rendez-vous collégien sur la toile", qu'il a "conquis les collégiens d'Indre-et-Loire", qu'il est même "incontournable", bla bla, bla bla et re-bla-bla dont je vous épargne les détails...

Evidemment, les blogueurs tourangeaux savent bien que 2 000 connexions par mois est un résultat d'audience très faible, presque dérisoire, très largement dépassé par de nombreux blogs d'Indre-et-Loire. En mars, TouraineBlogs a ainsi enregistré plus de 6 200 connexions pour plus de 21 000 pages vues...
Pourtant les blogs d'Indre-et-Loire ne bénéficient pas d'affiches 4X3 pour leur communication, ni d'affiches dans les abribus, ni de pub dans le magazine du Conseil général, ni d'affichage dans des manifestations telles que le cross départemental, de flyers distribués un peu partout ni même, de la présence de l'adresse du site sur les plateaux repas des collégiens de Langeais et de Michelet à Tours...
Certes le public des collégiens d'Indre-et-Loire est relativement restreint ce qui réduit le potentiel d'audience de Ziva. Mais déployer tous ces moyens de communication pendant 18 mois pour parvenir à 2 000 connexions par mois est un résultat très faible. Il serait intéressant de diviser le budget communication de Ziva par le nombre de connexions. En e-marketing on appelle ça le coût de recrutement. Et dans le cas présent, il doit être assez élevé...

Ziva ne manque pourtant pas d'intérêt. Le Journal du Net nous apprend que, pour sa création, Ziva-lesite.com a mobilisé "une équipe rédactionnelle, un pôle graphique, des développeurs et un réalisateur multimédia". Mais beaucoup de blogueurs parviennent à un résultat d'audience bien meilleur en mobilisant uniquement leurs dix doigts et un soupçon de matière grise...

Je ne sais pas encore quel budget Kogito (conception et animation éditoriale), Supersoniks (conception graphique, développement et réalisation) et TGA (production audiovisuelle) ont englouti dans ce projet, mais j'espère bien finir par obtenir cette info que je ne manquerai pas, le cas échéant, de publier ici. Parce que, pour le coup, le couplet sur l'argent du contribuable inutilement dépensé n'est peut-être pas illégitime...

Au fait, et c'est le plus intéressant, pourquoi Ziva-lesite, malgré les compétences, les moyens humains et les actions de communication mis en œuvre, ne fonctionne pas ?
Tout simplement parce que c'est un projet descendant : une usine à gaz mise en place en haut-lieu et proposée ensuite aux internautes. Et les internautes n'aiment pas ça. Les internautes ce qu'ils aiment ce sont les petits projets auxquels ils se sentent associés, les aventures artisanales auxquelles ils participent.
Pour parler en langage de consultant du ouèbe (on peut même dire web consultant pour avoir l'air plus sérieux), Ziva n'est pas web 2.0 et semble ignorer la viralité communicationnelle propre à internet qui donne plus de poids au bouche à oreille et à l'échange de liens, plutôt qu'aux vastes campagnes de communication.

Evidemment, si le projet avait été mieux pensé, le Conseil Général aurait mis en place un blog collaboratif sur lequel les collégiens, avec leurs enseignants et les équipes pédagogiques des collèges, auraient pu eux-mêmes intervenir, parler des initiatives mises en place dans leurs collèges, de la façon dont ils utilisent internet....

Des collégiens qui parlent aux collégiens. Voilà qui aurait été plus intéressant. Et bien évidemment, avec un budget très nettement inférieur, il n'aurait pas été très difficile de parvenir à une audience supérieure...

PS : Je ne suis pas expert en langage Djeun', mais il me semble que "Ziva" n'est plus du tout une expression employée par les Djeun's. "Ziva", c'est un poil démago, mais surtout, ça n'est pas "chébran" !

PPS : Relisant ce billet avant de le publier, je me dis que mon premier paragraphe, plein de précautions et d'excuses, est bien long au regard de "révélations" qui ne risquent pas de bouleverser quoi que ce soit ni qui que ce soit. Ce qui prouve certainement que je suis moi-même tellement habitué à l'auto-censure que je suis effrayé à l'idée de mettre un bout d'orteil dans le plat...

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