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Il y'a d'un coté l'évolution naturelle des sociétés et de l'autre la constance du rapport à nos valeurs.Ces deux aspects ne doivent pas être incompatibles. Je crains un peu pour notre rôle de militants lorsque l'on doit examiner des candidatures qui se revendiquent d'un même projet. En tant qu'adhérent, sur quels critères doit reposer mon choix ? sur la personne qui me fait le plus vibrer ? sur la personne qui utilise les meilleurs mots pour dire la même chose que les autres ? sur la personne "la mieux placée" ? En toute objectivité, je me refuse de choisir une candidature sur des critères si peu politiques. Ou alors, on arrête définitivement l'hypocrisie du projet commun à toutes les candidatures, lorsque l'on voit les interprétations larges que certains en font. Là aussi, je nous vois difficilement nous lancer dans un concours d'exégèse. La rénovation est une nécessité, mais elle doit être constante et imprégnée dans les pratiques. jospin s'est démarqué des autres à une époque par une certaine éthique en politique, sans pour autant fixer cette exigence à l'ensemble du parti. Une erreur qui a fait que son héritage politique n'a pas laissé sa marque durablement au PS. En tout cas, la rénovation ne doit pas s'incarner par l'installation d'une nouvelle génération politique pour les 50 prochaines années. A voir la nature des ralliements à Ségolène Royal, c'est une crainte fondée. Le PS a beaucoup évolué. L'ouverture était nécessaire et a eu ce mérite de casser certaines logiques internes. Cependant, je ne crois pas à une démocratie d'opinion qui se fasse sans confrontation et sans débat. L'opinion est vue dans ce sens comme une idée liée intimement à une humeur et qui ne trouve pas de cohérence dans une dynamique politique. On a ici une bien jolie rupture avec le matérialisme historique. Mais était-ce nécessaire d'aller si loin ? Il y avait - à mon sens - d'autres moyens de moderniser durablement l'appareil socialiste. Je noterai aussi que la candidature Royal passe difficilement auprès de la gauche militante, tout comme elle suscite bien des réserves auprès des camarades du MJS. Ceci sont aussi des paramètres à prendre en compte. Si la stratégie de la présidente de la Région Poitou-Charentes se limite à "capter" un électorat en désamour avec le PS, alors pourquoi pas ; mais si la posture qu'elle esquisse devient un moyen de gouverner et de faire de la politique, eh bien je pense que le prochain congrès du parti sera le lieu pour en discuter sereinement... Partisan d'une candidature de Lionel Jospin ou en tout cas "jospiniste" (Martine Aubry, Bertrand Delanoé ou d'autres), je regrette que son option politique partagée par de nombreux camarades n'ait pas eu ici de représentant. Je pense que la présence de Jospin a en tout cas contribué à rééquilibrer le débat et à dissiper quelques passions et mystifications sur la candidature Royal. Pour ma part, je n'ai personne pour qui faire campagne et je n'ai pas envie de contribuer à saccager une candidature plus qu'une autre. Ne pouvant pas faire valoir mon éthique de conviction, je choisis au moins l'éthique de responsabilité. Je ne sais pas encore quel bulletin je glisserai lors du vote... risquant meme de ne glisser aucun bulletin. En tout cas, je ferai valoir - sans doute avec d'autres - une autre responsabilité, que j'espère collective : celle de ne pas faire céder la raison face à l'euphorie et celle de maintenir quoiqu'il arrive une vigilance militante dans les mois à venir. Construisons l'avenir. Je préfère la volonté au désir.

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