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Dépéche AFP - 09.04.06 | 10h19

De Venise à Palerme, plus de 47 millions d'Italiens ont commencé à voter dimanche après une campagne au vitriol pour élire leur nouveau Parlement lors d'un scrutin sur deux jours transformé en plébiscite par le chef du gouvernement sortant Silvio Berlusconi.

"Votez, votez, votez !", a appelé dimanche matin sur toute sa Une "Il Giornale", le quotidien de la famille Berlusconi.

"Berlusconi ou Prodi, l'Italie choisit", a pour sa part titré "La Stampa" le quotidien de Turin propriété du groupe Fiat.

Les deux journaux résument l'enjeu de ce scrutin, considéré comme "historique" par le quotidien économique Il Sole 24 Ore.

Il met un terme à une virulente campagne électorale qui a divisé le pays et au cours de laquelle se sont mélangées les insultes, les accusations et les promesses mirobolantes, mais sans qu'aucune des deux coalitions en lice n'explique comment elle les financera alors que le pays est économiquement exsangue, a souligné le politologue Stefano Folli.

Silvio Berlusconi a changé les règles six mois avant la consultation en réintroduisant la proportionnelle, supprimée par référendum en 1993, avec des listes bloquées.

Le scrutin est devenu un affrontement entre les chefs des deux coalitions: Silvio Berlusconi, 69 ans, pour la droite, Romano Prodi, 66 ans, pour la gauche.

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche à 08H00 (06H00 GMT) et la première évaluation officielle de l'affluence est annoncée pour la mi-journée.

Les électeurs votent sur deux journées et les premiers sondages sortie des urnes sont attendus lundi peu après la fermeture des bureaux à 15H00 locale (13H00 GMT).

La participation sera une des clefs de ce scrutin. Silvio Berlusconi s'est dit "convaincu de l'emporter si elle est supérieure à 80%", comme lors des précédents scrutins de 1996 et 2001.

Les intentions de vote dans les derniers sondages publiés donnaient la victoire à la coalition de gauche avec une avance de 3 à 5 points, mais 25% des électeurs, soit un sur quatre, se disait indécis.

Après une journée de repos dans sa résidence de Sardaigne, Il Cavaliere", son surnom, est rentré à Milan, la capitale économique, fief de son empire, où il accomplit traditionnellement son devoir électoral dans les locaux de l'école Dante Alighieri.

Son rival, le "professore" Romano Prodi, votera en famille dans sa ville de Bologne (centre).

Silvio Berlusconi a transformé ce scrutin en plébiscite et a tendu la fin de la campagne en traitant les Italiens séduits par son rival de "couillons qui votent contre leurs intérêts".

A Rome, la capitale, place-forte de la gauche, les premiers commentaires recueillis par l'AFP dans les bureaux de vote montraient un rejet du chef du gouvernement.

"Quitte à vivre pire qu'aujourd'hui, j'ai voté contre Berlusconi. Je suis indignée par sa manière de traiter les gens et de leur donner du couillon. C'est inacceptable", a ainsi déclaré Anna, 70 ans, après avoir rempli son devoir dans une école de la périphérie.

Dans un autre bureau de vote situé entre le quartier touristique du Trastevere et le Vatican, Alessandro, un homme d'une cinquantaine d'années, à fait le même choix, pour les mêmes raisons.

"J'ai donné ma voix à l'opposition parce qu'il y a un véritable manque de démocratie dans le pays. Berlusconi est une véritable anomalie", a-t-il expliqué.

La défiance était également perceptible chez certains électeurs de droite.

"Je vote à droite, mais pas pour Berlusconi. Je vote pour Alliance Nationale (AN, droite conservatrice) et j'espère que Gianfranco Fini (chef d'AN, ndlr) aura plus de voix que Berlusconi et qu'il sera notre prochain chef de gouvernement", a déclaré Francesca, un médecin d'une quarantaine d'années.

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