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DOSSIER SPECIAL / FESTIVAL DU FILM DE VENDOME 2007     Ce ne sont pas les frères de Serio qui réussiront à changer l’idée que l’on se fait souvent des Italiens, bavards et charmeurs ! Massimiliano et Gianluca sont présents depuis plusieurs années au festival de Vendôme et chaque fois, c’est avec une réelle bonne humeur communicative qu’ils viennent parler de leur travail. Pour cette 16e édition, les frères jumeaux venaient présenter quatre de leurs courts métrages dans le cadre d’une rétrospective. Ils sont également à l’honneur avec l’installation TANATOLOGIA dans le hall du Minotaure.         Il y a un certain décalage entre la bonne humeur que vous dégagez en étant présent sur le festival et la gravité dans votre travail… Massimiliano : Cette rétrospective ne montre pas tout le travail que nous avons fait. Nous avons également réalisé des films beaucoup plus amusants. Mais la vraie question, c’est de savoir pourquoi nous abordons le cinéma de cette façon. Nous voulons montrer la vie sans barrière, raconter des histoires de personnes dans des situations limites, par exemple le thème de la limite identitaire, le problème de la clandestinité. Pour nous, c’est aussi un travail sur nous-mêmes. Nous envisageons les films comme une métaphore de la vie. C’est pour cela qu’il y a des drames, mais pas seulement. Il y a également des moments d’incertitude, de passage, ou encore, un travail sur la lumière, sur le temps.       Vous devez passer beaucoup de temps à observer le quotidien ? Gianluca : J’aime beaucoup regarder la réalité à travers une vitre dans un café, par exemple. Par ce biais, toutes les choses deviennent différentes   M. : Mais la réalité est tellement énorme qu’on ne peut pas la cadrer. C’est pour cette raison qu’il y a toujours dans nos films, cette recherche à travers des dispositifs cinématographiques, comme le plan-séquence. Il y a une recherche constante d’aller au-delà du cadrage. C’est le paradoxe du cinéma, à savoir capter une partie de la réalité mise en scène, et lui donner une durée, donc une vie et une mort.   GL. : Nous avons une approche documentaire de la préparation d’un film. Mais la façon de filmer est différente. Nous voyons nos courts métrages comme des formes de performance.         Vos films n’ont jamais de début ni de fin. Ils sont comme des fragments de vie ? M. : Oui, il y a une sorte de suspension. C’est toujours un drame de faire un film, dans le sens qu’il est difficile de terminer une chose. Cette  suspension est importante : c’est une ouverture pour le spectateur. Nos films n’ont jamais de fin ; c’est le début d’une réflexion poétique.     Il y a des thèmes récurrents dans votre travail, comme la famille, le déracinement. Pourquoi ? M. : Ce n’est pas tellement lié à cette réputation qui dit que les Italiens sont proches de leur famille. Nous voyons le déracinement comme un travail sur les limites, les frontières. Nous abordons également la question de la frontière entre fiction et réalité, la frontière du cinéma même. A travers le visage d’un personnage, nous essayons de faire passer la vie de cette personne.     GL. : Dans nos derniers films, le thème de la dualité est important, à savoir le passage d’un personnage à l’autre, le passage de témoin. Nos films ont toujours à voir avec l’échange. Même au niveau esthétique, il y a toujours cette forme de symétrie.  Il y a ainsi une cohérence entre le fond et la forme. C’est le sens de la réalité et de la beauté qui est important.       D’où vous vient cette grande sensibilité artistique ? M. : Pour nous, c’est le geste artistique qui fait l’homme. Nous n’avons pas grandit dans une famille artistique. Comme le montre TANATOLOGIA, nous venons d’un milieu assez pauvre. Notre grand-mère était paysanne ; elle est morte très jeune.   Nous avons commencé à voir des films dans des festivals. Finalement, nous avons un peu le même  parcours que les jeunes qui sont ici. Nous avons fait partie de jurys à Turin et Venise. Toutes ces expériences nous ont donné envie de réaliser des films. Ces courts métrages sont petit à petit devenu notre objectif quotidien.   GL. : Nous avons persévéré. Nous avons toujours fait les films que nous voulions faire.  

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